Zag voyageait vers Al-Jeit depuis deux jours. Il avait décidé d’aller visiter LA cité la plus grande et magnifique de l’Empire. Il avait entendu dire qu’elle avait été presque entièrement dessinée et qu’elle était féérique, splendide et que c’était l’endroit le plus beau au monde. Zag arrêta sa monture. Ombrage se serait de toute façon arrêtée toute seule. Car elle regardait elle aussi avec de grands yeux le pont qui s’élevait au dessus d’une mer. Non. Ce n’était pas une mer. Mais un fleuve. Pourtant, on avait du mal à voir l’autre bout… Zag mit longtemps à arrêter de contempler l’Arche.

- Eh bas… C’est pas qu’un peut joli, ca… Et c’est pas qu’un petit pont…

Zag ordonna à Ombrage de recommencer à avancer. Plus on s’approchait de l’Arche, plus on voyait à quel point elle était géante et belle. Seuls des Dessinateurs avaient pu la créer, et Zag se demanda en quelle matière elle était faite… Le Dessinateur descendit de sa monture – il ne savait pas pourquoi – et continua à marcher à coté d’Ombrage. Il continuait à contempler l’Arche, c’est donc surement ce qui le fit se cogner contre la personne qui passait à côté de lui. Le choc n’avait pas été trop violent et il n’avait pas fait tomber l’inconnu. Mais il s’empressa quand même de s’excuser.

- Oh ! Pardon, je ne vous avais pas vu, je contemplais l’Arche…

La journée s'annonçait d'une tranquilité trop ennuyeuse pour Tamara qui en avait marre de ce qu'elle faisait, c'est à dire remplir des tonnes de papiers. Tâche qui la rebutait particulièrement et qui était entre autre la raison pour laquelle elle avait choisi d'être Sentinelle vagabonde et de ne pas rester tout le temps au même endroit. Ce qui avait tendance à l'énerver dans un certain sens. Elle avait besoin de bouger, de respirer de l'air frais et surtout de se changer les idées.

C'est ainsi que la jeune femme décida de s'éclipser de sa demeure sur les hauteurs d'Al-Jeit d'où elle avait un point de vue magnifique de la ville et en même temps d'échapper à la surveillance des gardes chargé de la protection de son domicile et de sa personne. Elle n'aimait pas particulièrement se sentir surveillée comme une enfant ni enfermée, mais cela devait sans doute être dû à sa captivité chez les Mercenaires qui lui avait laissé de mauvais souvenirs... et aucun de bon à vrai dire.
La jeune femme grimpa au plus haut mais se ravisa en choisissant de suivre la voix des toits plutôt que celle des Spires, du moins pour l'instant.
Le temps passait puis finalement Tamara choisit de s'adonner à un de ses plus grands plaisirs, les Spires. Assise sur un toit, elle les scrutait, les observait, les admirait jusqu'à ce qu'elle porte son attention sur l'Arche. Objet de mille questions, c'était un Dessin fait à l'époque de Merwyn avec sa participation, une oeuvre magnifique et grandiose, sortant totalement de l'ordinaire. Suivant son impulsion, la jeune femme fit un pas sur le côté...

Tamara, qui une fois de plus était perdue dans ses propres pensées alors qu'elle venait d'effectuer un pas sur le côté, ne remarqua pas l'adolescent qui lui arrivait droit dessus et fut tirée de son état léthargique par la force de la collision qui n'était d'ailleurs pas si forte que cela. La Sentinelle affecta de sourire au jeune garçon qui semblait désolé bien qu'elle n'avait pas le cœur à ça, ni à quoi que ce soit d'autre, mais il fallait bien qu'elle fasse quelque chose.

- Ce n'est pas grave. Et elle ajouta : Et puis l'Arche vaut bien la peine de se faire percuter.

La personne dans laquelle il venait de rentrer était une jeune et jolie femme… Qui avait l’air aussi perdu dans la contemplation de l’Arche que lui… Oui, l’Arche valait surement la peine de se faire percuter. Car ce n’était vraiment pas une peine… En tout cas, elle était splendide… Quoi ? L’Arche, voyons ! Non mais !

- Oui, l’Arche vaut sûrement la peine… Elle est tellement splendide… Je me doute que c’est un dessin, mais je ne vois pas comment, même à beaucoup, on pourrait créer ceci… J’en avais déjà entendu un peu parler, mais je n’imaginais pas cette beauté…

C’était étrange. La femme était seule, elle n’avait aucune arme apparente et n’avait pas de monture… Comment était elle venue ici ? A moins qu’elle ne vienne de la ville… mais bon, c’était quand même étrange qu’elle sorte juste pour se balader, sans rien… A moins… qu’elle ne soit Dessinatrice… Lui, il aurait pu faire ça… Se balader juste pour le plaisir… mais bon, il y avait quand même encore quelque chose d'anormal. Peut être était-elle une Dessinatrice de l’Académie d’Al-Jeit et qu’elle était sortie se promener ?

- Mais… Que faites vous ici, sans arme ni monture… Vous êtes Dessinatrice ?

La jeune femme laissa le vent jouer avec les nattes de sa longue chevelure de jais et respirait lentement comme si elle cherchait à ne faire plus qu'un avec tout ce qui l'entourait. Elle s'était distraitement laissée absorber par les Spires et observait lieux, ou plutôt l'analysait sans s'en rendre compte, mais sortit de sa torpeur quand le jeune garçon lui adressa vraiment la parole.

- Vos yeux vous trompent, je ne suis pas si désarmée qu'il n'y parait. Mais oui, je suis Dessinatrice, un cadeau que la Dame et le Dragon ont eu la bonté de m'offrir. Quand à l'Arche, elle a été créée en même temps qu'Al-Jeit par un grand nombre de Dessinateurs puissants, parmi lesquels figuraient Merwyn. Elle a été dessinée pour être éternelle et personne n'a pu ne serait-ce que la rayer. On ne saura jamais de quoi elle est constituée, mais quelque part ce n'est pas un mal, ça lui enlèverait sa magie. Mais ce n'est que mon humble avis... Mais j'en oubliais la politesse ! Tamara Sil' Acian, enchantée.

La jeune femme sourit de nouveau en lui tendant la main.

L’Arche avait donc été créée par Merwyn. En partie, du moins. Cela expliquait certaines choses. En tout cas, il avait vu juste, elle était Dessinatrice. Tamara Sil’ Acian. Une noble, donc… Elle devait avoir un haut rang, une Dessinatrice noble avait beaucoup de chance pour devenir bien placée dans la hiérarchie…

- Moi, c’est Zag Enigiro.

Zag serra la main que Tamara venait de lui tendre et lui sourit à son tour.

- Mais vous ne m’avez pas dit ce que vous faisiez ici. Si vous voulez, moi, je vous dit ce que je fais ici. Moi, je me balade, je vis ma vie, et donc mes pas, ceux de mon cheval, mais aussi ceux que j’ai dessinés, m’ont mené ici.

La Sentinelle observa le jeune homme avec attention, l'air de rien. Il lui rappelait quelqu'un sans qu'elle n'arrive à trouver qui, mais ne s'en formalisa pas et continua d'écouter. Ainsi il avait tout simplement décidé de voyager, sans aucune conscience des dangers qu'il encourait par ces temps pour le moins obscurs. Nombreux étaient les brigands qui sévissaient sur les chemins de Gwendalavir, les bandes armées sûrement manipulées par le Chaos qui ne cherchaient qu'à semer la terreur parmi les honnêtes gens. Mais tout cela ne semblait pas l'inquiéter plus qu'une fourmi colérique.

Évidemment on aurait pu lui retourner la question et lui dire qu'elle, jeune femme d'apparence fragile et inoffensive, était véritablement inconsciente de se promener ainsi sans arme apparente et protection aucune comme une invitation à l'agression. Mais son corps, elle l'avait bien appris, était déjà une arme lui même et son Don faisait partie d'elle. Et puis les deux dagues effilées qu'elle dissimulait dans ses amples manches ne la quittaient quasiment jamais. Mais il était évident que si une bande de Mercenaires décidait de s'en prendre à elle ... La jeune femme pourrait se retrouver dans une situation inconfortable même si elle s'en sortirait. Après tout c'était bien elle qu'on comparait aux enfants Gil' Sayan.

- Moi j'échappe un peu aux tâches administratives qui incombent à mon statut. Je n'ai pas souvent de moment de calme dans mon métier, et les papiers s'accumulent. Mais il faut bien les faire à un moment ou à un autre...

Des taches administratives ? Son statut ? Elle devait, comme il s’en doutait, être haut placée… Mais bon, il la comprenait un peu. S’il avait été dans son cas, il aurait sûrement préféré se balader que de remplir des papiers… Le point qui n’allait pas, c’était que lui, il n’aurait jamais fait un métier ou on doit remplir des papiers !

- Je n’aimerais vraiment pas avoir des papiers à remplir, je suis donc bien content de ne pas être à votre place ! Je préfère me balader que de devoir obéir et faire toutes les tâches administratives… Mais bon, vous avez bien du le vouloir, non ? Et puis, au pire, vous pouvez toujours changer. On a toujours le choix.

Il ne savait pas si elle comprenait ce qu’il voulait lui dire, la plupart des gens, quand il leur parlait comme ça, ne comprenaient pas. Soit ils le prenaient pour un fou, soit ils se disaient qu’il parlait pour ne rien dire.

Note à l'attention de Zag : Attention à bien mettre le récit en italique. J'ai corrigé tes posts, mais corrige toi pour les suivants.

Bonne continuation à vous deux

Tama : Merci Ery ! contente de te revoir.