La princesse était exténuée lorsqu'elle avait enfin franchi l'enceinte extérieure de la Citadelle. Le brave Asmaric avait été dirigé en hâte vers l'infirmerie (où se trouvait en permanence deux rêveurs prêts à intervenir, leurs quelques confrères étant de permanence aux camps des réfugiés) sous les ordre d'une Buhuna affaiblie, mais non moins exigeante. Une fois à l'abri, elle avait demandé une pose, pour reprendre son souffle. Emrys la lui avait accordée, le temps qu'elle prenne quelques décisions au sujet de ses protecteurs et en avait profité pour faire discrètement mander un des rêveurs directement dans les appartements de sa supérieure. Ensuite, jugeant qu'ils avaient déjà perdu assez de temps en futilité, le Capitaine de la Garde Impériale se baissa pour prendre délicatement son amie dans ses bras. La soulevant, il lui murmura au passage:
- Pardonnez-moi Princesse, mais nous sommes pressé...
Il la porta ainsi d'un pas rapide à travers la forteresse jusqu'à ses appartements privés et l'installa au mieux sur un des lits de la suite réservée aux Sil'Alfian. Elle perdait toujours du sang de sa blessure et était plus pâle que jamais, mais tant que son regard conservait sa vivacité, son dévoué maître d'arme ne s'inquiétait pas outre mesure.
Le rêveur arriva peu de temps après, un peu en nage. Dès qu'il avait été prévenu, ce dernier s'était empressé d'accourir au chevet de la jeune femme, craignant d'arriver trop tard pour sauver quoique ce soit. L'auscultant précisément, il avait ensuite dérouler son rêve sur elle juste à temps et son don avait pu sauver les organes mal en point de la damoiselle. Soignée, rassurée, épaulée, protégée, elle ne tarda pas à s'endormir mollement. Il lui faudrait probablement plusieurs jour pour récupérer complètement de cet épisode tragique, tant physiquement que moralement.
Emrys Til'Lleldoryn, rasséréné par l'état stabilisé de son amie, retira sa main que Buhuna avait saisie lors de leur arrivée dans la pièce et déposa la sienne à côté d'elle sur le lit, dans un geste empreint d'une douceur qu'on n'aurait pu soupçonner chez un tel homme d'arme. Un vague sourire, à peine perceptible, éclaira brièvement son visage...
Il reprit alors son masque impassible et martial et se tourna vers le reste de ses hommes, qui venaient d'arriver aux portes des appartements de la Princesse. Le Capitaine les rassura sur la santé de leur protégée, se renseigna sur celle du brave Asmaric, puis donna ses ordres, répartissant les tours de garde au chevet des blessés et réquisitionnant le reste des légionnaires (tant ceux présents à la Citadelle que ceux restés près du champ de bataille) pour fouiller les camps avec lui. D'un pas énergique et décidé, il sortit de la chambre, le regard plus indéchiffrable que les nuages du ciel dont ses yeux avaient la couleur...