C’était peut-être l’événement le plus attendu de l’année. Les gens venaient jusque d’Al-Far pour célébrer l’anniversaire de la Libération du verrou Ts’liche.
Assise sur un banc en pierre dans les jardins, un peu à l’écart de la foule, Nathanaëlle contemplait les lieux avec admiration. Le palais, imposant bâtiment de marbre, réfléchissait les éclats orangés des lampes. Un grand voile pourpre et or s’étendait jusqu’aux terrasses, où la cour s’installait peu à peu, tandis que les plébéiens s’entassaient sous les arbres devant le palais.
Les jardins, restés dans une relative pénombre, étaient épargnés par cette frénésie. Un sentier de sable fin ondulait entre des statues et des bosquets fleuris, et sous la lune, brillait d’une phosphorescence presque irréelle. L’atmosphère était encore tiède, et un parfum entêtant de narcisse et de rose emplissait l’air. Vaguement étourdie par l’odeur sucrée, Nathanaëlle se leva et s’avança sur le chemin qui menait au palais.
Elle ne prit pas garde au jeune homme qu’elle effleura au passage, et continua sa route sans un mot, l’esprit tout embué par les rumeurs des conversations.