Au nord d'Al-far et au sud du plateau d'Astriul, se dressée une petite cité entouré de petits remparts par dessus lesquels on pouvait distinguer de hautes tours blanches s'élever. Si l'on passait les grilles beiges , sans doutes sculptés par un maître en la matière, on pénétrait dans la cours où poussaient de grand arbres qui prodiguaient assez d'ombre pour abriter les frères de la confrérie du soleil. Un délicat parfum de fleur flottait dans l'air et la variété des plantes aux couleurs plus chatoyantes les unes que les autres faisaient la fierté des habitants de Tintiane.

Vielle de plusieurs siècles, la cité n'avait certes rien a envier à Al-jeit où ces grandes cités de Gwendalavir, mais il régnait en ces lieux une atmosphère de paix, de calme, et d'harmonie avec la nature. Un endroit idéal pour que les rêveurs puissent parfair leurs formations en toute sérénité.
Un calme toute fois dérangé parfois par quelques cris qui ne semblaient pas avoir leur place ici:
"Mais qu'est-ce que...? Non d'une Ts'liches!! Ça, c'est au moins... FERIAALE!!"
La douce voix qui résonnait actuellement dans tout Tintiane n'était autre que celle du rêveur cuisinier qui venait de s'apercevoir qu'il manquait quelque chose manquait dans sa cuisine: il y a à peine quelques minutes, il avait posé sur la table des petits gâteaux à la crème, et visiblement, il en manquait !!!

Hors, il n'y avait pas beaucoup de personne aussi gourmande que ça pour aller chiper des gâteaux à l'aspect aussi savoureux qui sortaient à peine du four! Non, c'était signé! C'était du Fériale Soline tout craché!
L'homme un peu ventru sortit de son sanctuaire qu'on avait osé profaner pour se diriger vers la cour, l'endroit où le voleur avait le plus de chance de se trouver...
En effet, la jeune fille se trouvait bien là, allongé sur l'herbe, tranquillement en train de déguster son gâteau à la crème comme si de rien n'était. La vision naïve de la jeune fille tira un sourire en coin et il se posta devant elle , les poings sur les hanches:
"Alors ? Qu'as-tu a dire pour ta défense jeune fille?"
Le ton n'était pas méchant, il ne s'agissait que de gâteaux que de toute manière il lui aurait donné aussitôt qu'ils seraient prêt, mais il aimait bien faire peur à la jeune fille... Sadique vous avez dit? Non!!

Fériale leva les yeux sur l'homme qui était devenue, au fil des mois, bien plus qu'un ami. Bien que deux fois plus grand qu'elle, cette dernière n'hésitait pas à le provoquer, amicalement bien sûr, et il en faisait autant.
Elle se releva et prit un ton dégagé
"Mon cher Aldone, je en faisait que goûter tes petits gâteaux avant que tu ne les fasse manger aux autres rêveurs! Imagine qu'ils soient trop cuit ou pas assez?
D'ailleurs, je trouve qu'ils manque de crème à l'intérieur... Tu devrais me donner les autres et en recommencer, et je n'en parlerait à personne, promis!Tu as de la chance que je sois là tu le sais?"

Voilà que maintenant c'était lui qui se faisait remonter les bretelles! La jeune rêveuse avait le don de retourner les situations à son avantage! Elle conclu le tout par un de ces magnifiques sourire dont elle avait le secret.
Aldone éclata de rire et lui asséna une bonne claque sur le dos:
"Tu es incorrigible! Vas donc me chercher un peu plus de bois dans la forêt d'à côté et je te refais une fournée de gâteau!" lança-t-il avec un clin d'oeil.

Elle rigola à son tour et , sortant un autre gâteau de sa poche, se dirigea vers les grilles de la cité, direction la forêt!
Fériale n'allait pas rechigner pour aller chercher du bois, elle avait déjà éviter de se faire attraper et punir pour sa gourmandise, il ne fallait pas trop en demander non plus! Et puis, elle aimait bien se balader dans cette petite clairière qui bordait la cité de Tintiane: elle y trouvait toujours des petits animaux plus étonnants les uns que les autres et elle préférait de loin les fleurs sauvages qui poussaient là à celles cultivaient à l'intérieur!
Alors qu'elle tenait quelques bûchettes dans ses petits bras, un craquement de branche retentit derrière elle...

Étrange, était-ce Aldone qui voulait lui faire peur pour se venger encore des gâteau? Non, elle connaissait le bonhomme et savait qu'il aurait fait plus de bruits que ça, les rêveurs n'avaient pas vraiment de facultés pour le déplacement silencieux, et ils n'étaient pas entraînés au combat, ce qui ne rassurait pas la jeune fille lorsqu'elle se balader toute seule ici tard le soir.
Le bruit continuait à se rapprocher, pas freiné le moins du monde par ses préoccupations silencieuses, et Fériale se rapprocha d'un arbre pour pouvoir y grimper au cas où il s'agissait d'une bête aussi gourmande qu'elle et qui pourrait la trouver à son goût.
Tournant la tête, c'est là qu'elle aperçut....

... une jeune fille, apparemment de son âge. Pas très grande, un visage amical, des cheveux bruns emmêlés, celle-ci paraissait sereine, n'ayant pas encore fait attention à Fériale. Elle portait des vêtements sobres de voyageur, et un petit sac à dos en bandoulière, ce qui laissait à penser qu'elle n'était pas du coin.

Senda Wil'Warren n'aurait jamais pensé se retrouver si loin de sa ville natale, encore moins en cette période dangereuse, et n'en revenait d'ailleurs toujours pas.
Elle ne serait d'ailleurs pas ici si elle n'avait reçu cette lettre de l'une de ses amies, lui annonçant qu'elle avait été victime d'une des nombreuses émeutes et qu'elle se retrouvait dans un état grave à Tintiane. Toujours de nature attentionnée, Senda avait tenue à lui rendre visite, malgré les protestations de son frère. Orin avait en effet jugé la situation actuelle trop dangereuse pour Senda. Celle-ci, bien que courageuse, n'était pas une guerrière et ne connaissait pas la violence. Après maintes discutions, elle était finalement partie accompagnée d'Orin, bien que la présence de celui-ci à Al-Vor en ces temps de crise fut nécessaire. Il avait assigné pour un temps Ermon comme remplaçant.

Après plusieurs jours d'un voyage qui fut, par chance, peu mouvementé, les deux frère et soeur arrivaient enfin à Tintiane. Pressée d'arriver, Senda avait prit un peu d'avance, tandis qu'Orin la suivait tranquillement quelques mètres plus loin.

C'est alors qu'elle aperçu Fériale. Surprise, Senda fit un bond en arrière, puis s'aperçut que la jeune fille en face d'elle ne pouvait être bien dangeureuse. Elle devait sûrement loger à la confrérie. Cependant méfiante, elle prit la parole.

Bonjour. Vous m'avez surprise, je ne vous avais pas entendu. Etes-vous de la confrérie ?

Quand elle aperçut enfin l'origine du bruit, la jeune fille baissa un peu sa garde, rassurée de n'avoir devant elle qu'une jeune fille. Mais les apparences étaient souvent trompeuses et il n'était pas rare de voir de jeunes recrues parmi les marchombres ou encore les mercenaires...
Elle ne s'approcha donc pas de trop près et se contenta de lui répondre poliment, avec cependant un grand sourire:

"Heu oui! Je suis de la confrérie! Vous m'avez fait peur aussi! On ne sait jamais ce qui peut traîner dans les bois ces temps-ci..."

Effectivement, la présence de cette jeune fille était plutôt surprenante, peu de monde se baladait par ici , c'était plutôt un coin reculé et il n'y avait pas grand chose à voir, à part si on voulait se rendre à la confrérie et elle n'avait pas l'air blesser ou d'avoir besoin du moindre soin que les rêveurs pourraient lui prodiguer. Néanmoins, quelque chose lui disait que toutes deux avaient un point commun, mais elle n'aurait absolument pas sut dire lequel. En tout cas, elle lui paraissait sympathique. Pas assez encore en tout cas pour s'approcher et lâcher les bouts de bois qu'elle tenait toujours à la main qui pourrait toujours lui servir de défense, même si dérisoire face à un combattant , même peu entraîné...

Elle hésita un instant avant de lui demander à son tour:
"Tu cherches quelque chose ici? Si je peux me permettre de te poser la question..." ajouta-t-elle avec un sourire un peu confus de se montrer aussi curieuse alors qu'elles ne se connaissaient que depuis quelques secondes à peine. Mais la nature de Fériale était toujours plus forte et elle espérait avoir tout de même quelques réponses à ses questions...

En revanche, le tutoiment était venue naturellement, sans qu'elle s'en rendre vraiment compte, vu le peu de difference d'âge qu'il y avait entre elles, et Fériane ne voyait pas énormément de jeune fille de son âge dans la confrérie, il n'y avait que principalement des vieux rêveurs qui passaient leur temps à méditer où à travailler leur maitrise du rêve. Aucune fantaisie, ce n'était pas vraiment une ambiance joviale et féminine. Alors autant en profiter!

Chose étrange, le tutoiement ne surprit même pas Senda. A vrai dire, elle ne s'en était même pas rendu compte, peut être parce que la jeune fille lui ressemblait trop pour être une inconnue. D'ordinaire, elle vouvoyait les personnes qu'elle ne connaissait pas, même celles de son âge ; des restes de son éducation noble. Cependant, alors qu'elle n'avait jamais vu cette jeune fille auparavant, il lui sembla qu'elles se connaissaient déjà depuis longtemps.

Je viens d'Al-Jeit, et suis venue visiter une amie, qui a été blessée lors des émeutes, et qui est soignée ici, répondit Senda.
Mon frère Orin m'accompagne, il est un peu plus loin derrière avec les chevaux.

Elle hésita, avant d'ajouter :

Ca peut paraître étrange de faire tout ce chemin pour rendre visite à quelqu'un, alors que les routes sont peu sûres en ce moment et que l'on y risque sa vie en s'y aventurant, mais j'espère que tu ne douteras pas de mes paroles.

Un coup de vent fit soudain frissonner Senda, qui resserra sa cape de voyageuse contre elle. C'était l'automne en Gwendalavir, et s'il était agréable dans les régions du sud, il n'en était pas moins froid dans le nord, annonçant l'hiver. Celui-ci prévoyait d'être rude, ce qui n'était pas une mauvaise chose en soi, puisqu'il permettrai de stopper les attaques raïs et alines quelques temps. Cependant, le moral des populations, déjà affectées par les famines et les émeutes, en serait d'autant plus atteint.

Un faible bruit de sabots retentissait loin derrière, s'approchant peu à peu, signe qu'Orin arrivait.

Effectivement, on aurait pu facilement mettre en doute la parole de la jeune fille, mais Fériale savait très bien que pour une personne qui lui était chére, elle aurait tout aussi été capable de parcourir des kilomètres et des kilomètres pour aller la voir! De plus, elle se souvenait qu'une jeune fille était arrivé dans Tintianne il n'y avait pas très longtemps et elles avaient d'ailleurs un peu sympathiser.

Fériale renvoya donc un grand sourire à Senda pour confirmer qu'elle la croyait, mais ne put s'empêcher une petite remarque en rigolant:
"Effectivement, c'est assez étrange, mais compréhensible! Mais la route est loin depuis Al-jeit, vous devez sûrement avoir besoin de repos! Je peut vous emmener jusqu'à un des rêveur qui fait d'excellentes pâtisseries!"

Mais son enthousiasme se crispa quelque peu quand elle vit arriver ledit frère avec deux chevaux. Il avait l'allure d'un combattant chevronné et elle comprit rapidement pourquoi elle avait tout de même tenté le voyage: elle semblait être en sécurité, mais ça ne rassurait pas Fériale, même si cette inexplicable familiarité entre les deux jeunes filles la poussait à la confiance...

Imaginant la tête d'Aldone quand elle leur ramènerait les deux visiteurs, et avec eux une nouvelle escuse pour pouvoir savourer ses petits gâteaux, elle en oublia presque les bonnes manière et s'en escusa aussitôt:
"Pardon, je suis tête en l'air, je m'appelle Fériale! Et toi?" lui demanda-t-elle en se passant maladroitement une main dans les cheveux et en lui tendant l'autre, le tout accompagné d'un grand sourire, tandis que Orin se tenait à quelques mètres d'elles, sa présence imposante loin de la rassurer... Mais elle fit en sorte d'en laisser paraître le moins possible.

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